Si on a tendance à viser la perfection alimentaire, le principe du « good enough » peut rendre nos attentes plus réalistes. Par exemple, si on mange des aliments moins nutritifs occasionnellement, on considère que c’est normal. C’est plutôt ce que l’on a l’habitude de manger quotidiennement qui compte, et non le fait de manger exactement selon les recommandations nutritionnelles 100 % du temps. On pourrait penser ainsi pour l’éternité.
Le principe du « good enough » tient compte de la réalité et accepte que les avantages s’accompagnent aussi de difficultés. Par exemple, je peux décider de cuisiner davantage à la maison pour améliorer la qualité de mon alimentation, mais cela me demandera davantage de planification pour les recettes, les achats et le temps consacré dans la cuisine. Avec un peu d’expérience, je vais m’ajuster aux difficultés et profiter des avantages.
La culpabilité alimentaire est si présente que certaines personnes peuvent la ressentir à chaque repas. Parfois, les recommandations nutritionnelles peuvent être appliquées de façon rigide et accroitre la culpabilité. On peut les reconnaitre par les « il faut » placés devant les habitudes alimentaires que l’on souhaite modifier. Le principe du « good enough » peut être aidant puisqu’il reconnait que nous sommes en apprentissage toute la vie.
On vise un pas à la fois afin de favoriser des progrès durables.
Si on recherche la perfection alimentaire, on peut avoir tendance à passer d’un extrême à l’autre, en contrôlant puis en perdant le contrôle. L’idée est plutôt de s’améliorer de façon progressive. Par exemple, si je soupe en famille un soir par semaine, je vais évaluer si je suis capable de me rendre à deux soirs, même si je sais que l’idéal est sept soirs par semaine. Si c’est impossible, je vais protéger le seul souper hebdomadaire en famille.
Il ne faudrait pas confondre le juste correct avec le simplement bon, tout comme il y a des nuances de gris entre la quête de la perfection et la négligence. Si une habitude alimentaire est juste correcte, cela signifie que ses avantages sont suffisants et compensent suffisamment les difficultés, puis que des améliorations supplémentaires deviendraient plus nuisibles qu’utiles. On vise un pas à la fois afin de favoriser des progrès durables.
Il n’existe pas de données scientifiques selon lesquelles la quête de la perfection alimentaire serait supérieure en termes de bienfaits sur la santé. Alors je vous nous invite à faire preuve d’indulgence afin de faire ce qui est bon pour nous.
Le « good enough » représente le mieux que peut faire une personne dans une situation donnée afin de répondre à certaines exigences. Point. 🍐
Je remercie Marie Marquis, nutritionniste, Ph.D. et directrice du Département de nutrition de l’Université de Montréal, dont les travaux m’ont inspiré la rédaction de ce billet.
Ratnapalan S et coll. To be good enough. Can Fam Physician. 2009;55(3):239-242.
Steenhuis I. Guilty or not? Feelings of guilt about food among college women. Appetite. 2009;52(2):531-453.
Szalai LC. The guilted body: a Foucauldian perspective on food guilt. Health Commun. 2016;31(3):382-383.