Dans le domaine des sciences, on travaille avec la méthode scientifique qui est constituée d’étapes précises, dont la phase d’expérimentation et l’analyse des résultats obtenus. Cette méthode sert à supporter ou infirmer une hypothèse de recherche et à faire progresser les connaissances en publiant le contenu dans des revues savantes. C’est beaucoup de travail mais c’est ce qu’il y a de plus fiable pour tirer des conclusions.
Afin de juger d’un phénomène ou d’un traitement, le scientifique évalue l’ensemble de la preuve disponible. Toutefois, on peut trouver des publications scientifiques qui, si elles sont considérées seules, arrivent à une conclusion différente de celle de l’ensemble de la preuve. Ces résultats différents sont considérés normaux. Toutefois, la sélection volontaire des études qui vont dans le sens souhaité est malhonnête et porte le nom de « cherry-picking ».
C’est un non-sens de penser qu’un scientifique a besoin d’expérimenter l’objet de son travail. Autrement, cela voudrait dire qu’un cardiologue devrait avoir eu une maladie cardiovasculaire pour pouvoir traiter ses patients, tout comme un oncologue devrait avoir eu un cancer. Je n’ose même pas imaginer le scientifique spécialisé en virologie. Un scientifique se prononce à partir de son analyse de la littérature scientifique disponible.
La science n’a pas la prétention d’être parfaite, ni d’expliquer les phénomènes avec certitude.
Dans certaines situations, un scientifique peut affirmer que la quantité ou la qualité des études disponibles sur un sujet est insuffisante ou inadéquate pour tirer des conclusions. Si c’est le cas, il ne faut pas confondre cette affirmation avec un manque d’ouverture d’esprit. Si la littérature scientifique n’est pas disponible pour pouvoir se prononcer, c’est parce que la littérature n’est pas disponible pour pouvoir se prononcer. Point.
La science évolue. Les nouvelles connaissances réfutent parfois ce qui était cru auparavant et c’est tout à fait normal dans le processus scientifique. Le scientifique s’ajuste et cela fait partie de son travail, ce qui n’est pas le cas de la pseudoscience. Par exemple, l’homéopathie ne se sent toujours pas concernée par les connaissances en chimie des deux derniers siècles. Certes, il ne semble pas toujours facile de se remettre en question.
La science n’a pas la prétention d’être parfaite, ni d’expliquer les phénomènes avec certitude. Toutefois, elle permet de poser un avis de manière fiable et justifiée, en plus d’aider à prendre des décisions.
Je laisse conclure Aristote, philosophe grec de l’Antiquité, qui aurait dit : « L’ignorant affirme, le scientifique doute, le sage réfléchit ».
Je remercie Annie Ferland, nutritionniste, docteure en pharmacie et auteure du blogue Science & fourchette pour sa collaboration à la rédaction de ce billet.
Hansson SO. Science denial as a form of pseudoscience. Stud Hist Philos Sci. 2017;63:39-47.
Olivier Bernard, Le Pharmachien. Le petit garçon qui posait trop de questions. Éditions Les Malins, 2018.
Valérie Borde. Le petit Borde : l’actualité scientifique expliquée à mon voisin. Rogers, 2014.