Notre société accorde souvent une place démesurée au poids corporel. Le poids corporel est devenu synonyme de santé, alors que perdre du poids signifie nécessairement être en bonne santé.
Le problème est double : le poids moyen de la population québécoise a augmenté et en même temps, l’idéalisation de la minceur peut mener à une préoccupation excessive à l’égard du poids corporel.
Pour ce billet, je vous présente le cercle vicieux des diètes amaigrissantes.
Les résultats d’un sondage mené auprès de 1000 Québécois rapportent que 62 % des femmes de poids normal tentaient de contrôler ou de perdre du poids, comparativement à 44 % des hommes de la même catégorie de poids. Ces données suggèrent l’existence de plusieurs personnes insatisfaites, surtout des femmes, malgré un poids corporel associé au plus faible risque de maladie.
Cet idéal de minceur risque de mener à des diètes amaigrissantes et à des variations cycliques de poids corporel. La figure suivante illustre le cercle vicieux des diètes amaigrissantes.
Figure traduite et reproduite avec la permission de John P. Foreyt. © 1992 John P. Foreyt and G. Ken Goodrick.
À court terme, perdre 5 à 10 % de son poids initial a des effets positifs sur la santé et les maladies chroniques associées à l’obésité. Cependant, le maintien de la perte de poids à long terme est négligeable. Des résultats d’études ont montré que 86 à 94 % des personnes ayant suivi une diète amaigrissante ont repris le poids perdu, deux ans ou plus après la fin de la diète.
Avant même que la perte de poids ne soit amorcée, le sentiment de contrôler son alimentation et son poids corporel a un effet positif sur l’estime de soi, mais c’est temporaire. À moyen et plus long terme, les nombreuses personnes incapables d’atteindre ou de maintenir le poids souhaité vont s’imputer la responsabilité de l’échec, sans nécessairement remettre en question la diète amaigrissante. Ainsi, les nombreuses tentatives de perte de poids risquent de diminuer l’estime de soi et d’augmenter l’insatisfaction corporelle.
Perdre du poids est loin d’être banal. Des adaptations physiologiques peuvent se manifester et persister pour ramener son corps à son poids initial, comme l’augmentation de la sensation de faim.
Au niveau psychologique, parmi les personnes qui limitent volontairement leur prise alimentaire afin de maigrir ou ne pas grossir, certaines ressentiront un sentiment de privation. Ce sentiment se traduit par le fait de manger moins que ce qui est souhaité ou de se priver de manger les aliments souhaités. Ce sentiment de privation favorise les pensées obsessives envers les aliments interdits, de même que des épisodes de perte de contrôle et de surconsommation alimentaire. Par exemple : « j’ai triché ma diète, je me gâte et je recommencerai lundi ».
Alors que le but visé des diètes amaigrissantes est de maigrir, cette stratégie semble plutôt favoriser le gain de poids à long terme. Le corps humain ne peut pas être considéré comme un simple réservoir de calories pouvant être ajoutées ou retirées selon sa volonté, comme le font miroiter les diètes amaigrissantes. Le poids corporel est beaucoup plus complexe, il est influencé par des facteurs biologiques, environnementaux et comportementaux.
Les diètes amaigrissantes agissent sur la prise alimentaire pour diminuer le poids corporel. Toutefois, seules les modifications des habitudes et des comportements menant à des changements durables peuvent modifier le poids corporel à long terme.
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