Le mois de janvier est une période faste pour l’industrie de l’amaigrissement. Le web en témoigne avec toutes ses offres miraculeuses et métaboliquement impossibles, comme le fait de perdre 10 kg en deux semaines.
Sur un moteur de recherche, j’ai inscrit les mots « truc » et « maigrir ». Le choix des trucs absurdes a été facile et même amusant. Toutefois, la recherche des mécanismes qui sous-tendent la perte de poids de ces trucs a été plutôt complexe.
Pour ce billet, je vous présente cinq trucs absurdes pour perdre du poids.
Notre corps est majoritairement composé d’eau et le fait d’en boire possède plusieurs avantages, notamment pour transporter les nutriments ingérés et permettre l’activité neurologique de notre cerveau. Toutefois, boire de l’eau pour faire taire notre sensation de faim est insensé. L’eau n’est pas digérée, elle ne défie pas la gravité et ne possède pas de propriétés rassasiantes.
Si on ne mange pas parce que l’on ne ressent pas la faim, ce n’est pas une situation de privation. Mais si on mange après 19 heures en présence de faim, je me demande si on peut s’attendre à la visite du bonhomme Sept-Heures! Notre corps est intelligent et possède un système de messagerie performant et gratuit pour nous aviser qu’il a faim. Ce serait dommage de l’ignorer.
Sur le web, le poivre fait presque tout : il coupe la faim, il brûle les graisses et il draine même les toxines. La molécule du poivre susceptible de faire perdre du poids serait la pipérine. Or, la littérature scientifique indique qu’il faudrait consommer quotidiennement 100 g de poivre, soit 14 c. à soupe durant 42 jours afin d’espérer percevoir un effet. Le poivre ne fait pas maigrir à moins d’être une souris ou un rat.
Décidément, certaines personnes débordent d’imagination lorsqu’il est question de perte de poids.
Sur le web, on peut trouver des listes d’aliments autorisés à volonté, comme le céleri, le chou-fleur et le concombre qui draineraient les toxines eux aussi. Je comprends difficilement cette idée de devoir manger à volonté. C’est comme si on tentait de prévoir une perte de contrôle. Il est inutile de souhaiter manger à volonté puisque notre sensation de rassasiement nous indique le moment idéal pour cesser de manger.
La couleur bleue aurait un effet suppresseur de l’appétit alors on recommande que tout soit bleu : les assiettes, la nappe, les vêtements et les murs. La lumière bleue peut effectivement faire diminuer la consommation alimentaire mais il s’agit d’une tendance parfois observée. Or, une tendance observée au cours d’un seul repas n’implique pas un déficit calorique suffisant pour résulter en une perte de poids.
Décidément, certaines personnes débordent d’imagination lorsqu’il est question de perte de poids. Toutefois, il est dommage d’omettre les notions anatomiques, physiologiques, biologiques et chimiques permettant d’expliquer l’ensemble des réactions de notre corps.
Je ne vous inviterai pas à vous rassasier avec de l’eau avant 19 heures, ni à poivrer des aliments que vous mangerez à volonté sous une lumière bleue. Je suis convaincue que vous méritez mieux que ces trucs absurdes. À défaut de les éradiquer, on peut les ignorer, en rire et ne jamais les partager.
Je remercie Annie Ferland, nutritionniste, docteure en pharmacie et auteure du blogue Science & fourchette pour sa collaboration à la rédaction de ce billet. Je remercie Normand Voyer, professeur de chimie à l’Université Laval, pour les calculs de pipérine.
BrahmaNaidu P. et coll. Mitigating efficacy of piperine in the physiological derangements of high fat diet induced obesity in Sprague Dawley rats. Chem Biol Interact. 2014;221:42-51.
Cho S. et coll. Blue lighting decreases the amount of food consumed in men, but not in women. Appetite. 2015;85:111-117.