Ressentez-vous parfois une envie marquée ou un intense besoin de manger certains aliments? Ces envies ou besoins peuvent être pour différents aliments, sans discrimination à l’égard de leur valeur nutritive.
Par exemple, vos papilles gustatives peuvent réclamer une banane, du fromage, de la roquette, des champignons ou de la tarte. N’importe quel aliment. Je me suis demandée si ces envies étaient des caprices ou de réels besoins physiques.
Pour ce billet, je vous présente des exemples personnels et des données scientifiques sur les appétits spécifiques.
Avant de poursuivre, j’aimerais préciser que les appétits spécifiques sont considérés dans un contexte différent de ceux associés à une grossesse ou en présence de contrôle alimentaire. Lors d’une grossesse, les hormones sont responsables des changements liés au goût et la nutritionniste Stéphanie Côté a écrit le billet Goûts et dégoûts de femme enceinte à ce sujet. Puis en présence de contrôle alimentaire, les pensées et l’appétit pour certains aliments sont plutôt des conséquences de la privation.
Au mois de juin dernier, je me suis fait une blessure nécessitant des points de suture au genou. Le lendemain et les jours suivants, j’avais un appétit spécifique de manger des pamplemousses. J’aime ce fruit depuis toujours mais pas au point de me déplacement péniblement à l’épicerie pour en acheter! Le pamplemousse contient de la vitamine C, notamment reconnue pour favoriser la cicatrisation des plaies. L’apport nutritionnel recommandé en vitamine C pour une femme de 19 ans et plus est de 75 mg par jour et d’après le Fichier canadien sur les éléments nutritifs, un pamplemousse rose entier contient 94 mg de vitamine C.
Au moins d’août dernier, j’ai couru mon premier marathon à une chaleur intense. Concrètement, j’ai tellement sué qu’il y avait une ligne de sel à gratter sur mes shorts. Je le jure! Je ne suis pas attirée d’emblée envers les aliments salés mais quelques heures après avoir terminé la course, j’avais envie de manger des frites salées, de la sauce salée, juste des aliments salés. Cet appétit spécifique pour le sel est demeuré jusqu’au lendemain de la course. Lors de la pratique d’un sport d’endurance, une sudation abondante peut entrainer une perte considérable de sodium. C’est ce qui est arrivé et j’ai même eu la preuve visuelle.
Les appétits spécifiques serviraient à combler une carence pour un nutriment particulier ou un besoin nutritionnel spécifique. Un appétit spécifique pour des aliments sucrés indiquerait un besoin en glucides et en énergie. Les glucides sont notre principale source d’énergie et se trouvent dans plusieurs aliments, notamment les fruits, les légumes, le pain, les céréales, de même que dans le lait et ses substituts. Un appétit spécifique pour les aliments salés indiquerait un besoin en certains minéraux ou acides aminés. Les acides aminés forment les protéines qui se trouvent notamment dans la viande, le poisson, les légumineuses, le tofu et les noix.
Les appétits spécifiques sont des réactions intuitives et involontaires de notre corps. Autrement dit, je n’ai pas pensé avec ma tête qu’il était nécessaire de manger des aliments riches en vitamine C pour mieux cicatriser ma blessure ou de manger des aliments salés parce que j’avais éliminé beaucoup de sodium durant mon marathon.
Je constate que la tendance actuelle est d’accorder une très grande place aux connaissances ou à certaines indications comme les étiquettes ou les logos, pour faire des choix alimentaires. Toutefois, mes exemples d’appétits spécifiques de pamplemousse et de sel suggèrent que notre corps semble capable de nous indiquer nos besoins en certains nutriments. Parfois, je crains un certain éloignement des besoins indiqués par notre corps. Pourtant, c’est une machine tellement intelligente.
Avez-vous tendance à reconnaitre et à respecter vos appétits spécifiques pour certains aliments?
Bellisle F. Faim et satiété, contrôle de la prise alimentaire. EMC – Endocrinologie. 2005;2:179-97.
Richardson P et coll. Personality traits in the context of sensory preference: a focus on sweetness. In: Handbook of Behavior, Food and Nutrition: Springer 2011.