L’utilisation du mot vieux n’est pas recommandée par le dictionnaire. Il semble que ce mot inspire des déficiences et des incapacités. Mais curieusement, on peut encore utiliser le mot jeune. Heureusement, ce n’est pas comme ça partout.
Vieillir est une grande fierté sur l’île japonaise d’Okinawa où le nombre de centenaires est le plus élevé au monde. J’ai eu le privilège d’étudier ces vieux et les raisons de leur longévité exceptionnelle lors d’un stage en 2009.
Pour ce billet, je vous livre quelques secrets appris auprès du professeur D. Craig Willcox de l’Okinawa International University.
L’île d’Okinawa est située à environ 1500 km au sud-ouest du Japon et compte 1,3 million d’habitants. À l’entrée du village d’Ogimi, on peut lire sur une pierre gravée : « À 70 ans, on est encore un enfant, et si on tente d’entrer au paradis à 90 ans, on se fait dire de revenir dans 10 ans ».
Chaque habitant a un « ikigai » qui est défini par une raison d’être et d’apprécier la vie. C’est cette petite flamme intérieure qui nous amène à avoir hâte de débuter la journée, indépendamment de notre salaire. Prendre sa retraite à Okinawa? Ça n’existe même pas! On poursuit son travail à temps partiel, on fait du bénévolat ou on s’implique quelque part. Notre engagement envers la société demeure toujours présent et on se sent utile.
Les vieux sont consultés pour les décisions concernant la famille et la communauté car ils ont l’expérience et la sagesse. Les enfants visitent leurs grands-parents très souvent et chacun est responsable de chacun. Les jeunes et les vieux se côtoient tous les jours dans le respect et tout le monde en bénéficie. Pas de regroupement basé sur l’âge. D’ailleurs, avez-vous déjà remarqué la beauté d’un vieux qui tient un bébé dans ses bras?
À 70 ans, on est encore un enfant, et si on tente d’entrer au paradis à 90 ans, on se fait dire de revenir dans 10 ans.
Des mesures gouvernementales sont mises à la disposition des vieux pour les inciter à demeurer autonomes à la maison. Par exemple, une personne engagée par la municipalité peut passer quotidiennement pour administrer des soins ou pour aider à la préparation des repas. Tous les vieux, incluant les centenaires, cultivent des fleurs et cuisinent à partir des légumes de leur jardin. Jardiner est une raison d’être.
Par sa situation géographique, la cuisine d’Okinawa a des influences taïwanaises et chinoises. Au menu végétal : patate douce et autres légumes racines, légumes verts dont le légendaire ゴヤ (goya) au goût amer, des algues, du tofu et autres aliments à base de soja. Au menu animal : poisson, calmar, pieuvre, porc et peu de viande rouge. À cela s’ajoute des épices dont le curcuma, alors que l’on s’hydrate surtout de thé au jasmin froid.
J’aimerais rappeler que le fait d’être vieux n’est pas une maladie mais une étape de la vie. Je sais, je suis idéaliste et je n’envisage pas changer! Mais si on pouvait s’inspirer davantage des habitants d’Okinawa, je crois que les jeunes et les vieux de notre coin du monde s’en porteraient mieux.
Avez-vous souri ou conversé avec un vieux aujourd’hui?
P.-S. – Mes excuses auprès du dictionnaire pour avoir utilisé 12 fois le mot « vieux » dans mon billet!
Willcox DC et coll. Healthy aging diets other than the Mediterranean : a focus on the Okinawan diet. Mech Ageing Dev. 2014:136-137:148-162.