Lors d’une évaluation nutritionnelle avec un nouveau client, j’ai l’habitude de poser la question suivante : pouvez-vous me nommer un aliment qui vous fait vraiment plaisir?
On me répond souvent « je suis tellement bibitte à sucre » ou « moi, c’est un aliment salé ». Je remarque que les préférences sont souvent réparties entre le sucré et le salé.
Pour ce billet, j’ai fait une petite enquête et je vous explique ce penchant sucré ou salé, saupoudré d’une pincée de science.
Dès la naissance, les bébés de toutes les cultures préfèrent le goût sucré. C’est inné. Cette saveur douce est le plus souvent associée aux aliments renfermant de l’énergie. Durant l’enfance, le goût pour le sucré restera très convoité. Alors d’où provient la dent sucrée à l’âge adulte? L’une des hypothèses est que nos ancêtres ont pu survivre à leur environnement plutôt hostile en associant le sucre aux calories, une gracieuseté de leur dent sucrée!
Contrairement au goût du sucré, le goût pour le sel se développe au cours de la vie. Le sodium est impliqué dans le fonctionnement de nos cellules et notre organisme travaille à en maintenir un niveau suffisant. Le goût pour le sel a aussi pour fonction de stimuler l’ingestion. Mais s’il est biologiquement avantageux pour l’organisme que l’utile soit agréable, l’agréable n’est pas toujours utile… Notre consommation dépasse souvent nos besoins.
Le goût pour le sucré et le salé indiquerait que notre corps anticipe ses besoins et prévient l’apparition de carences. C’est physiologique et fascinant! J’en ai parlé dans mon billet Les appétits spécifiques pour certains aliments. Le goût pour le sucré et le salé est aussi sous influence génétique, ce qui explique en partie nos différences de préférences alimentaires. Ce goût peut aussi varier en fonction de nos échanges avec notre environnement.
Dès la naissance, les bébés de toutes les cultures préfèrent le goût sucré.
Plus de 120 personnes ont répondu à mon sondage sur Facebook afin de savoir si votre dent était sucrée ou salée. J’ai apprécié vos réponses et certaines m’ont fait sourire, comme « sucrée solide » ou « je lècherais la salière ». Les résultats indiquent que 63 % ont la dent sucrée, 29 % ont la dent salée et 8 % ont la dent hésitante! Cette hésitation peut être causée par la période précédent les règles ou par les goûts qui évoluent avec le temps.
Les résultats obtenus correspondent à ceux retrouvés dans la littérature scientifique. Le goût du sucré occupe une place importante et face à un aliment inconnu c’est souvent la version sucrée qui sera préférée. D’autres résultats montrent que les personnes qui consomment beaucoup de sucre sont aussi de grands consommateurs de sel.
Avez-vous la dent plutôt sucrée, salée ou les deux? Quel aliment vous fait vraiment plaisir pour combler votre préférence?
Je remercie Renaud Petry, stagiaire au baccalauréat en nutrition à l’Université Laval, pour sa collaboration à la rédaction de ce billet, de même que toutes les personnes qui ont répondu à mon sondage Dent sucrée ou dent salée.
Bellisle F. Appétit pour le sel et le goût pour le sucre ; considérations physiologiques. Journal d’agriculture traditionnelle et de botanique appliquée. 1988;35(1):41-50.
Mennella JA. Preferences for salty and sweet sastes are elevated and related to each other during childhood. PLoS ONE. 2014;9(3):e92201.