On peut passer sa vie à se trouver trop grosse, trop ceci ou pas assez cela parce que l’on ne correspond pas au modèle de minceur proposé. Ce n’est pas anodin.
Cela signifie que l’on a investi une quantité significative de temps, d’énergie et d’argent à se trouver inadéquate, à vouloir paraître plus mince et à essayer de rapetisser son corps.
Pour ce billet, je vous présente cinq choses à savoir au sujet de la culture des diètes.
La culture des diètes s’invite dans nos pensées sans que l’on s’en rende nécessairement compte. Elle se dissimule dans toutes sortes de programmes et de diètes amaigrissantes déguisées. Comme les personnes qui remettent en question les diètes amaigrissantes sont de plus en plus nombreuses, les méthodes de perte de poids essaient de mieux paraître et peuvent se déguiser en protocole, en recadrage, en mode de vie et même en art de vivre.
La culture des diètes a des conséquences dommageables sur la relation que l’on entretient avec la nourriture. On peut se mettre à calculer ce que l’on mange, manger en cachette et avoir honte de manger, ressentir de la culpabilité par rapport à nos choix alimentaires et devoir se justifier, manger différemment des autres pour perdre du poids et ne plus ressentir de plaisir à manger. Notre relation avec la nourriture n’est pas supposée être une charge mentale.
La culture des diètes continue de faire la promotion de la perte de poids même si le taux d’échec des diètes amaigrissantes n’est plus à démontrer. Le poids perdu sera repris par une grande majorité des personnes parce que les règles alimentaires ne peuvent pas être respectées éternellement. Puis le phénomène est connu, les personnes vont s’imputer la responsabilité de l’échec répété, sans nécessairement remettre en question la méthode utilisée.
Notre relation avec la nourriture n’est pas supposée être une charge mentale.
La culture des diètes peut aussi amener à opprimer les personnes dont l’apparence ne correspond pas au modèle souhaité. Les femmes sont clairement ciblées par cette oppression. Je pense notamment à celles que l’on voit sur les médias sociaux ou à la télévision, aux politiciennes et aux animatrices. On critique constamment leur morphologie et leur apparence physique, alors qu’on le fait peu ou pas avec leurs semblables masculins.
Une fois que la culture des diètes est bien implantée dans nos pensées, l’industrie de l’amaigrissement mise sur nos insatisfactions. Avec une croissance fulgurante, cette industrie a généré tout près de 10 milliards de dollars au Canada en 2019. Je m’imagine parfois ce qui arriverait si on arrêtait de trouver nos corps inadéquats. Plusieurs entreprises devraient fermer leur porte et je serais probablement à zéro sur l’échelle de l’indignation.
Plutôt que d’occuper nos pensées à vouloir maigrir ou à penser que les autres devraient perdre du poids, on pourrait se demander ce que l’on peut faire pour se sentir mieux dans sa peau et se défaire de la culture des diètes.
On peut aussi entrevoir la possibilité que notre corps a le droit d’exister tel qu’il est.
Faw MH et coll. Corumination, diet culture, intuitive eating, and body dissatisfaction among young adult women. Pers Relationship. 2021;28:406–426.
Gravel K. De la culture des diètes à l’alimentation intuitive. Réflexions pour manger en paix et apprécier ses cuisses. KO Éditions. 2021, 236 p.
Polivy J, Herman CP. The effects of resolving to diet on restrained and unrestrained eaters: the « false hope syndrome ». Int J Eat Disord. 1999;26(4):434-447.